CHAPITRE III
Willow examina ce que sa mère lui avait préparé pour déjeuner. Comme d’habitude, des choses saines et terriblement ennuyeuses…
Elle était si absorbée par sa contemplation qu’elle ne remarqua pas la personne qui s’approchait jusqu’à ce que celle-ci prenne la parole.
— Rebonjour. Tu t’appelles Willow, n’est-ce pas ?
La jeune fille sursauta et tourna la tête.
— Oui. Pourquoi ? demanda-t-elle, méfiante. (Puis, se souvenant qu’elle avait déjà vu son interlocutrice en compagnie de Cordélia :) Tu veux que je me pousse, c’est ça ?
— Non, il y a assez de place pour nous deux, dit Buffy en s’asseyant près d’elle. Cela dit, j’ai quand même un service à te demander, mais ça ne t’obligera pas à bouger d’ici… Juste à me supporter pendant un moment.
Willow fronça les sourcils.
— Je croyais que tu traînais avec Cordélia.
— Et alors ? Je ne peux pas vous fréquenter toutes les deux ?
— Pas légalement, non.
— Ecoute, expliqua Buffy, je veux vraiment m’adapter ici. Cordélia s’est montrée très sympa… Avec moi, du moins. Mais je ne veux pas rater mon année, et on m’a dit que tu étais la personne la mieux placée pour m’aider à rattraper mon retard.
Le visage de Willow s’éclaira.
— Oh, je ne demande pas mieux ! Si tu n’as pas cours de trois à quatre, on pourrait se retrouver à la bibliothèque…
— J’aime mieux pas, répondit Buffy. Je préférerais un endroit plus bruyant. Celui-là me file les chocottes.
— Comme à la plupart des élèves, sourit Willow. Mais moi, j’adore. Il y a vraiment tous les livres qu’on veut, et le nouveau bibliothécaire a l’air cool.
— Nouveau ? répéta Buffy.
— Oui, il vient d’arriver, confirma Willow. Avant, il était conservateur d’un musée anglais, je crois. Il sait absolument tout, et il a apporté avec lui un tas de biographies et de bouquins d’histoire… (Elle rougit.) Tu dois me trouver très ennuyeuse.
— Pas du tout.
Les filles levèrent la tête pour voir arriver Alex et Jesse.
— Salut. Vous êtes occupées ? lança Alex. On peut vous interrompre ? Non, ne répondez pas : je sens que vous en serez ravies.
— Salut, sourit Buffy.
— Buffy, je te présente Jesse, intervint Willow. Et ça, c’est Alex.
— On se connaît déjà, dit le jeune homme, l’air détaché. En fait, nous sommes de vieux amis. Des amis très proches. Pendant un moment, nos routes se sont séparées ; nous avons fréquenté d’autres gens. Mais nous voilà à nouveau réunis… N’est-ce pas touchant ?
Buffy le dévisagea, mi-rieuse mi-perplexe.
— C’est une impression, ou es-tu en train de te transformer en parfait crétin ? demanda Jesse.
Une seconde, Alex sembla presque embarrassé.
— Non, ce n’est pas une impression, admit-il.
— Ravie de vous connaître, lança Buffy. Enfin, je crois.
— On voulait te souhaiter la bienvenue, pour que tu te sentes à Sunnydale comme chez toi, dit galamment Jesse. A moins que ton chez toi soit une vieille baraque effrayante et pleine de toiles d’araignées.
— Je voulais aussi te rendre ça, intervint Alex, en sortant de son sac le pieu que Buffy avait laissé tomber un peu plus tôt. Même si je ne vois pas trop ce que tu peux en faire, à part construire une barrière.
— Oh, euh… C’est pour me défendre, improvisa Buffy. Tout le monde en a à Los Angeles. Les bombes de gaz lacrymogène sont terriblement dépassées.
Peu convaincu, Alex hocha néanmoins la tête.
— Alors, dis-nous… Où traînes-tu, que fais-tu de ton temps libre, quelles qualités recherches-tu chez un homme ? Je veux tout savoir.
— Surtout les plus noirs de tes secrets. Avec un peu de chance, on en fera un best-seller, suggéra Jesse.
— Décidément, soupira Buffy, tout le monde veut que je raconte ma vie. Je suis flattée.
— Eh bien, il ne se passe pas grand-chose dans une ville qui a un seul MacDo, confessa Alex. Tu es la dernière nouveauté en date.
— Je n’ai rien d’extraordinaire, tu peux me croire, mentit Buffy.
— Ces minables t’embêtent ? intervint Cordélia, apparaissant soudain derrière Jesse.
Elle eut une moue dégoûtée.
— Pas du tout, protesta Buffy, surprise.
— Elle ne traîne pas avec nous, se hâta de préciser Willow.
Jesse dévorait Cordélia du regard.
— Salut, dit-il en lui décochant son plus beau sourire.
La jeune fille leva les yeux au ciel puis regarda Buffy.
— Je ne voudrais surtout pas interrompre ta dégringolade sociale, mais je devais t’annoncer que le cours de gym est annulé. Tu n’auras pas le plaisir de rencontrer Mme Foster et ses poils sur la poitrine. Tout ça à cause du type extrêmement mort qu’on a trouvé dans les vestiaires.
Buffy écarquilla les yeux.
— Pardon ?
— De quoi parles-tu ? renchérit Willow, alarmée.
— Un cadavre était rangé dans le placard d’Aura, expliqua Cordélia, dédaigneuse.
— Mort, murmura Buffy.
— Tout à fait raide, confirma son amie.
— Pas juste un peu, si je comprends bien ? intervint Alex.
Cordélia lui jeta un regard glacial.
— Tu es sûr de n’avoir rien à faire ailleurs ?
— Si tu as besoin d’une épaule sur laquelle pleurer…, commença Jesse.
— De quoi est-il mort ? coupa Buffy, impérieuse.
— Je ne sais pas.
— Y avait-il des marques sur son cadavre ?
— Je te trouve bien morbide, fit Cordélia en la dévisageant comme si elle s’était transformée en extraterrestre. Je n’ai pas demandé !
Buffy se leva abruptement.
— Je dois partir. A plus.
— Qu’est-ce qui lui arrive ? demanda Cordélia à voix haute tandis que la jeune fille s’éloignait à grands pas vers le gymnase.